Expired February 1, 2022 6:00 PM
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SI M PA RELE. Emporté par la charismatique chanteuse Martha Jean-Claude, ce film retrace les grands soulèvements révolutionnaires qui ont jalonné l’histoire d’Haïti. « La chanson, c’est le refuge de mon peuple », clame Martha Jean-Claude qui vit alors en exil à Cuba depuis 20 ans. Elle emmène par la force de sa voix les scènes jouées et chorégraphiées qui reconstituent les mouvements de soulèvements contre les colons français, l’occupant américain, … « Et alors il se fit une longue nuit… » : réalisé en 1972 à Cuba, le film appelle le peuple haïtien à se soulever contre l’oppression du régime Duvalier. Un film de Humberto Solas, Cuba, 1972, VO KR-FR ST-ESP, 30’


Martha Jean-Claude, la femme des deux îles comme elle aimait à s’appeler, est devenue célèbre en Haïti durant les années 1940. Enfant, elle chante à la cathédrale de Port-au-Prince et entame une carrière professionnelle en 1942 avec des concerts du folklore haïtien au Rex Théâtre. Elle tourne vite à l’international et lors d’un de ses concerts au Venezuela, elle rencontre l’homme qui deviendra son mari, le journaliste cubain Victor Mirabal. Il s’installent à Port-au-Prince et ne cache pas leur militance pour la justice sociale. Le couple subit de nombreuses pression et Victor quitte Haïti alors que Martha est emprisonnée cinq mois en 1952 pour avoir écrit la pièce à caractère satirique « Anriette », jugée subversive par la président Paul Magloire.

“J’ai quitté Haïti après avoir passé de nombreux mois en prison alors que j’étais enceinte”, se remémorait-elle lors d’une interview. « J’ai donné naissance à mon enfant deux jours après ma libération. Un mois après, alors que mon mari était déjà à Cuba, je l’ai rejoint ». Ensemble, ils ont eu quatre enfants : Linda, chanteuse d’opéra à Madrid, Sandra, une musicienne vivant à Amsterdam, Magdalena, une médecin vivant à Cuba et Richard Mirabal, musicien lui aussi et directeur de la Fondation Martha Jean-Claude.

En 1956, elle enregistre son premier disque, Cancionès de Haïti, qui lui vaudra une renommée dans toute la Caraïbe hispanophone et au-delà. A Cuba, elle devint rapidement une star et joua dans de nombreux orchestres et clubs dont le célèbre “Tropicana.” En 1957, elle passe un an à travailler au Mexique dans le cinéma et pour la télévision, alors que les “Cabarets afro” y sont très populaires.

Lorsqu’elle retourne à Cuba en 1958, le pays est en ébulition et elle soutien la cause des révolutionnaires. Elle est membre de l’Union des artistes et écrivains de Cuba et préside l’Association des Haïtiens vivant à Cuba. Après la chute de la dictature de Batista en 1959, elle devient l’une des ambassadrices de la révolution, mais aussi d’Haïti à Cuba et de la lutte anti-duvaliériste, à Cuba comme à travers la monde alors qu’elle tourne dans toutes les capitales du monde. C’est ainsi qu’en 1971 elle tourne dans le film anti-duvaliériste Si m pa rele, produit à Cuba.

Bien qu’elle ne puisse pas revenir en Haïti sous la dictature des Duvalier, ses chansons arrivent quand même à se frayer un chemin pour atteindre le public haïtien. “Il est naturel que je me batte pour la justice sociale”, disait Martha Jean-Claude dans une interview, expliquant le caractère politique de beaucoup de ses 50 chansons et 8 albums. “Chanter les chansons des paysans, c’est ce qu’il y a dans mon cœur, c’est vers eux qu’il se tourne. Mes chansons sont ce que certains nomment des ballades protestataires”.

Après 34 ans d’exil, elle revient en Haïti en 1986, après la chute de Jean-Claude Duvalier, et tient au Rex théâtre à Port-au-Prince un concert triomphal. Elle performera à nouveau en 1991 avec Mackandal, un groupe musical qu’elle a formé en 1978 avec ses enfants Richard et Sandra. La plupart de ses enfants et petits-enfants l’accompagneront lors d’un concert organisé en son honneur et celui des chanteuses Emerantes Despradines et Celia Cruz au stade Sylvio Cator de Port-au-Prince en 1996, « Bouyon rasin ».

 

  • Year
    1972
  • Runtime
    30 minutes
  • Language
    Kreyòl
  • Country
    Cuba
  • Director
    Humberto Solas
  • Producer
    Instituto Cubano de Cinema