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Respect et confiance
Le cinéaste de «Curling» ou de «Bestiaire» n’est pas un voyeur. Pas question de porter sur les actrices un «regard de vieux cochon» comme il l’a souligné. Denis Côté s’est donc donné une liste d’interdictions à respecter.
«Ce n’est pas vrai qu’on allait faire un film dans la séduction. Ce n’est pas vrai que c’était un film quiallait érotiser des choses. Ça ne prenait pas de cartes postales. C’était interdit d’avoir un plan du beau chalet ou de la belle maison de campagne. On est dans les yeux, dans les visages, au plus près de la peau. Au pire on étouffe, mais au moins, on n’érotise pas des choses. Ça empêche le film d’être voyeur. Et je ne voulais pas de scènes explicites parce que j’avais l’impression que c’étaient des chosesqu’on avait déjà vues.»
«Pour approcher [le sujet de la sexualité féminine], je crois qu’il faut que tu enlèves toute anticipationd’excitation pour ton projet. Je suis un homme, je suis hétéro, c’est mon 14e film et c’est la première fois que je vais voir autant de filles à poil sur un plateau. Je le sais d’avance et il y a un travail à faire.J’ai pensé à tous ces vieux cinéastes qui, dans les années 1960, 1970, 1980 et même encore aujourd’hui... on voit que ça existe encore, ce cinéma de vieux cochon», a-t-il détaillé.
«Mais pourquoi? Je me disais qu’ils viennent d’une autre époque, qu’ils ont un certain pouvoir, mais j’avais le même sur mon plateau. Et quand tu décides d’appliquer ton pouvoir sur ton plateau, tu ne t’aperçois pas que tu es en train de vivre ta sexualité par procuration. Et si on gratte un peu, on découvre peut-être que ces vieux bons hommes-là, à la maison ils n’ont rien, qu’en 1983, quand tu déshabillais des actrices, ça te prenait trois semaines pour trouver une revue de cul sous un matelas. Moi, quand je fais mon film en 2022, si je veux du sexe, je sais où en trouver. Je sais que je suis à trois clics de la pornographie après ma journée de travail. Je n’ai pas besoin de mon plateau et de mon travail pour assouvir quelque chose.»
«Quand je fais mes films, je m’assure d’être ami avec mes acteurs. On se parle beaucoup d’avance, je ne cache pas des pages de mon scénario. Il y a beaucoup de partage. On n’a vécu aucun malaise dequelque sorte que ce soit sur le plateau. Il y avait des scènes difficiles à jouer, mais ça a été fait dansune fraternité... Quand j’entends les histoires d’horreur sur d’autres plateaux et qu’ils doivent appeler des coordonnateurs d’intimité, j’ai l’impression d’être sur une autre planète.»
C’est cette attitude de respect qui a permis à Larissa Corriveau de tourner, en toute confiance, une longue séquence de «shibari», le bondage japonais. «J’ai approché la seule école sérieuse de "bondage"de Montréal. Larissa a accepté et ce que l’on voit à l’écran était sa huitième séance en six mois. Sur leplateau, il n’y avait que le son et la caméra et j’étais caché derrière un paravent», a dit le cinéaste.
«Ce que j’aime dans la scène, c’est qu’elle est aussi violente que douce», a souligné Denis Côté, qui voulait que ce moment soit regardé par le spectateur «comme une performance». Tout le film est vécu par le spectateur comme miroir de sa propre sexualité.»
- Year2022
- Runtime137 minutes
- LanguageFrench Eng-Sub
- CountryCanada
- DirectorDenis Coté
- ProducerSylvain Corbeil Audrey-Ann Dupuis-Pierre
- Executive ProducerMetafilms
- CastLarissa Corriveau Laure Giappiconi Samir Guesmi Aude Mathieu Anne Ratte-Polle
- CinematographerFrançois Messier-Rheault
- EditorDounia Sichov
Respect et confiance
Le cinéaste de «Curling» ou de «Bestiaire» n’est pas un voyeur. Pas question de porter sur les actrices un «regard de vieux cochon» comme il l’a souligné. Denis Côté s’est donc donné une liste d’interdictions à respecter.
«Ce n’est pas vrai qu’on allait faire un film dans la séduction. Ce n’est pas vrai que c’était un film quiallait érotiser des choses. Ça ne prenait pas de cartes postales. C’était interdit d’avoir un plan du beau chalet ou de la belle maison de campagne. On est dans les yeux, dans les visages, au plus près de la peau. Au pire on étouffe, mais au moins, on n’érotise pas des choses. Ça empêche le film d’être voyeur. Et je ne voulais pas de scènes explicites parce que j’avais l’impression que c’étaient des chosesqu’on avait déjà vues.»
«Pour approcher [le sujet de la sexualité féminine], je crois qu’il faut que tu enlèves toute anticipationd’excitation pour ton projet. Je suis un homme, je suis hétéro, c’est mon 14e film et c’est la première fois que je vais voir autant de filles à poil sur un plateau. Je le sais d’avance et il y a un travail à faire.J’ai pensé à tous ces vieux cinéastes qui, dans les années 1960, 1970, 1980 et même encore aujourd’hui... on voit que ça existe encore, ce cinéma de vieux cochon», a-t-il détaillé.
«Mais pourquoi? Je me disais qu’ils viennent d’une autre époque, qu’ils ont un certain pouvoir, mais j’avais le même sur mon plateau. Et quand tu décides d’appliquer ton pouvoir sur ton plateau, tu ne t’aperçois pas que tu es en train de vivre ta sexualité par procuration. Et si on gratte un peu, on découvre peut-être que ces vieux bons hommes-là, à la maison ils n’ont rien, qu’en 1983, quand tu déshabillais des actrices, ça te prenait trois semaines pour trouver une revue de cul sous un matelas. Moi, quand je fais mon film en 2022, si je veux du sexe, je sais où en trouver. Je sais que je suis à trois clics de la pornographie après ma journée de travail. Je n’ai pas besoin de mon plateau et de mon travail pour assouvir quelque chose.»
«Quand je fais mes films, je m’assure d’être ami avec mes acteurs. On se parle beaucoup d’avance, je ne cache pas des pages de mon scénario. Il y a beaucoup de partage. On n’a vécu aucun malaise dequelque sorte que ce soit sur le plateau. Il y avait des scènes difficiles à jouer, mais ça a été fait dansune fraternité... Quand j’entends les histoires d’horreur sur d’autres plateaux et qu’ils doivent appeler des coordonnateurs d’intimité, j’ai l’impression d’être sur une autre planète.»
C’est cette attitude de respect qui a permis à Larissa Corriveau de tourner, en toute confiance, une longue séquence de «shibari», le bondage japonais. «J’ai approché la seule école sérieuse de "bondage"de Montréal. Larissa a accepté et ce que l’on voit à l’écran était sa huitième séance en six mois. Sur leplateau, il n’y avait que le son et la caméra et j’étais caché derrière un paravent», a dit le cinéaste.
«Ce que j’aime dans la scène, c’est qu’elle est aussi violente que douce», a souligné Denis Côté, qui voulait que ce moment soit regardé par le spectateur «comme une performance». Tout le film est vécu par le spectateur comme miroir de sa propre sexualité.»
- Year2022
- Runtime137 minutes
- LanguageFrench Eng-Sub
- CountryCanada
- DirectorDenis Coté
- ProducerSylvain Corbeil Audrey-Ann Dupuis-Pierre
- Executive ProducerMetafilms
- CastLarissa Corriveau Laure Giappiconi Samir Guesmi Aude Mathieu Anne Ratte-Polle
- CinematographerFrançois Messier-Rheault
- EditorDounia Sichov